Kuala Lumpur, la ville de la diversité & Singapour, la Suisse d’Asie

Notre trajet pour Kuala Lumpur s’avère long, trèèèès long. Depuis Koh Phangan, nous marchons, puis prenons un tuktuk jusqu’au port, puis nous embarquons sur un navire bien plus équipé pour transporter des camions que des humains. Nous arrivons sur la terre ferme au milieu de troublion-les-oies (à Don Sak en fait), où nous attends un van qui nous emmène à la gare de train de Surat Thani. Là, nous attendons cinq heures que notre train pour Padang Besar arrive (tout est normal, c’est les trains à la Thaïlande). Nous dormons sur de superbes couchettes (au lieu de cabines de 6 lits, comme en France, les couchettes sur deux étages sont dans l’alignement des rails, disposent de beaucoup d’espace et sont isolées du couloir par un rideau) jusqu’à la frontière dans un froid sibérien (Alice dit “au moins -15 degrés !), nous nous faisons jeter du train comme des malpropres à la ville-frontière, puis traversons la frontière Thaïlande/Malaisie à pied.

On nous apprends alors qu’on ne peut pas remonter dans le train (“ha ?”), et qu’il n’y a plus de place dans aucun train depuis Padang Besar jusqu’à Kuala Lumpur. En gros, merci d’être venus jusqu’à la frontière ! Nous savons qu’en cas d’affluence, il est toujours possible que des places se libèrent au fur et à mesure du trajet. Nous prenons donc un train pour Butterworth, environ au milieu du trajet, en espérant qu’une fois là bas, il y ait de nouveau des places pour la capitale.

Mais non ! A Butterworth le problème est le même et nous cherchons donc un bus pour nous emmener à la Capitale. Heureusement, il y en a toutes les heures. Nous embarquons donc dans un bus probablement décoré par des mamies (volants roses-vieux, de la dentelle passée un peu partout, des rideaux à fleurs d’un autre centenaire) et arrivons biiiieeen plus tard à KL Sentral. La nuit étant en train de tomber, nous nous dépêchons d’aller prendre un métro, qui nous emmène presque à notre auberge (encore vingt de minutes de marche avec les sacs).

Bref, nous ne sommes pas fâchés d’arriver.

Quelques dix jours plus tard, nous partons pour Singapour en bus, avec encore une fois beaucoup d’étapes : nous allons jusqu’à Melaka par bus alors que les vacances malaisiennes battent leur plein, et que les places libres se comptent sur les doigts d’une main. Nous y passons la nuit, puis nous reprenons un bus pour Johor Bahru, ville à la frontière avec Singapour. Nous enchaînons alors avec une navette jusqu’à l’émigration, d’où on prend un autre bus jusqu’à l’immigration de l’autre côté du seul pont reliant Singapour à la terre ferme, avant de marcher jusqu’au terminal de bus de Singapour, et de prendre une autre navette jusqu’à Newton Circus, d’où nous pouvons rejoindre à pied l’appartement des parents de Mathieu qui nous accueillent.

Ne prenez pas l’avion qu’ils disaient !

Bref, nous avons pris une grosse dizaine de jours dans chacune de ces deux grandes villes, et voici quelques réflexions, assorties de photos.

Kuala Lumpur donne le ton dès qu’on arrive en ville, puisque sur le panneau d’entrée est annoncé “ville de la diversité”. Et effectivement, nous observons durant la traversée des faubourgs jusqu’au centre ville la Malaisie à deux vitesses. La pauvreté est bien moins visible à Singapour, où nous nous contentons d’apercevoir quelques coiffeurs de rue (équipés d’une chaise et de ciseaux, ce qui est bien suffisant finalement), ou de constater que dans certains appartements aisés, l’architecte avait prévu des espaces dédiés aux domestiques philippaines, vestiges d’une forme d’esclavage moderne encore d’actualité malheureusement. Certains malls (centre commercials emplis de magasins) sont à destination des plus aisés et sont beaux comme nos grandes galeries parisiennes alors que d’autres à peine moins grands, ressemblent à de vulgaires entrepôts sur cinq étages, et regorgent de produits indiens ou chinois dans un désordre organisé.

Dans les deux villes le trafic automobile était conséquent, entraînant une certaine difficulté pour traverser les voies (voir pour trouver ne serait-ce qu’un passage piéton), un bruit continuel ou des embouteillages lorsque nous sommes en bus. A certaines heures (de 18 à 20h), c‘est tout le centre de KL qui est bloqué ! (P.S. Alice a eu bien du mal avec le fait de traverser au passage cloutés, mais la perspective des 500$ d’amende l’en a dissuadée !)

Nous cherchons toujours à manger “local”, mais nous admettons notre échec à Kuala Lumpur : nous y trouvons bien plus facilement des restaurants indiens que des restaurants malais. Et nous y reviendrons mais la différence de prix entre les deux cuisines nous a vite convaincu de rester manger des thalis. Idem pour Singapour, où nous ne trouvons aucune trace d’une cuisine “locale”, mais un mix entre cuisine chinoise, indienne et occidentale. La présence de food court (des restaurants qui partagent tables et chaises permettant à un même groupe de personnes de manger diverses cuisines) un peu partout, où toutes les cuisines sont disponibles, renforce cette sensation de melting pot. Et alors que partout ailleurs, les food court sont synonymes de nourriture pas trop chère, Singapour nous présente une addition vite salée.

Nous n’avons bien sûr pas tout vu, que ce soit à KL ou à Singapour : par exemple, nous n’avons pas parcouru de grands centre-commerciaux à KL, car nous avons préféré rester dans les quartiers moins favorisés.

A l’inverse, à Singapour, nous avons passé beaucoup de temps avec Mathieu et sa famille à parcourir les malls et les grandes constructions, parce que c’était magnifique mais aussi parce que l’air y était conditionné et nous permettait d’éviter la chaleur étouffante de l’extérieur. L’écologue-Quentin est tenté d’intervenir ici et d’expliquer en quoi tout cela est aberrant, mais nous nous contenterons de dire que bien que la clim’ ait été très agréable, nous avons vu de trop nombreux magasins les portes grandes ouvertes tenter de climatiser la ville entière.

Joyeux Noël !

Enfin, alors qu’à KL nous découvrons une certaine tension entre la communauté musulmane (favorisée par l’état) et la communauté chrétienne, Singapour et son état “fort” met chacun sur un pied d’égalité face aux (très) lourdes amendes en cas de faute. Certes, nous nous sommes sentis davantage en sécurité à Singapour qu’en Malaisie, mais ce sentiment se rapprochait de celui que nous avions en Chine… Cependant, il est indéniable que Singapour a réussi un brassage culturel incroyable, qui est d’ailleurs à la fondation même de ce petit état.

La magnifique mosquée de KL

L’un des avantages à une telle surveillance est aussi la propreté : Singapour est magnifique. Les rues sont impeccables, les bâtiments modernes et esthétiques, les parcs superbement entretenus. Singapour nous a aussi proposé son musée national, super bien fait et très instructif sur l’histoire du lieu, ainsi que son aéroport qui est aussi beau qu’une galerie d’art.

Gardens by the Bay

De son côté, KL est un peu plus “brute”, mais dispose de jolis parcs en pleine ville, accessibles et mis en valeur par des sentiers balisés. De même, les quartiers touristiques de Kuala Lumpur sont décorés et agréables à voir et parcourir, avec quelques belles oeuvres de street art.

Quand Singapour propose les Gardens by the Bay, de magnifiques jardins tropicaux en bord de mer, KL permet d’accéder aux Batu Caves directement via un équivalent de RER. Ces grottes sont à la fois un superbe temple hindou (le plus grand hors d’Inde), mais aussi des réserves de biodiversité très intéressantes, visitables avec un guide pour quelques ringgits seulement (on précise que ni Alice ni Quentin n’ont hurlé devant l’immense araignée aveugle de 30 cm de long dans une des grottes. Un bon point partout.).

Pour finir, nous retenons de KL un petit restaurant indien absolument trop bon (et vraiment pas cher), le Sri Ganesha, juste à côté d’un temple hindou qui tenait des cérémonies chaque jour. Et évidemment, nous retenons les feux d’artifice de Singapour tirés depuis une baie construite depuis moins de 10 ans. C’était un émerveillement qui a duré plus d’une heure, avec des couleurs et des formes que nous n’avions jusqu’ici jamais vu ! Alice en garde un souvenir tout ému et la volonté de devenir pyromane Artificière dans sa prochaine vie.

Nous quittons Singapour cette fois par avion, car nous partons en direction de Bali, pour commencer cette année 2019 avec du yoga, de l’encens et retrouver cet endroit qu’Alice avait tant apprécié quatre ans plus tôt.

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